samedi 20 août 2011

Notes sur Le Droit du plus fort de Rainer Werner Fassbinder

Fassbinder/Franz dans Faustrecht der Freiheit

Ce qu’il y a de particulièrement nouveau dans ce film, c’est justement de ne pas montrer l’homosexualité à travers un regard nouveau, singulier ; à l’inverse d'une bonne partie des films traitant de ce sujet tel Brokeback Mountain qui s’avère être un film profondément puritain et régressif : le héros/réalisateur découvre l’homosexualité comme une chose qui sort de la normalité. Au moment même ou Franz, le protagoniste interprété par Fassbinder lui-même, à saisit la chance de sa vie - gagner à la loterie - la banalité des relations pénétrera le récit de plein floué . Il rencontrera ce qu’il croit être l’homme de sa vie, emménagera avec lui et affrontera les difficultés quotidiennes de la vie en couple.

Cette normalité-là sera uniquement  pervertie par le regard de certaines personnes qui voient l’homosexualité comme quelque chose de déficient : les commentaires de la sœur ivre sont assez significatifs . Chez Fassbinder, les relations entre les personnages sont donc moins définies par la sexualité que par les différences d’ordre sociale. Franz, jeune forain rencontre un jeune homme bourgeois. Alors que le premier semble avoir la mainmise sur le deuxième notamment à cause de son coté décomplexé - en opposition à la frustration bourgeoise - , les rôles s’inversent, la faute à la naïveté de Franz autant qu’à la perversion de Eugen. Premier constat sur la bourgeoisie qui précède celui sur l’identité.

En fréquentant cette bourgeoisie, Franz perd son âme, symbolisée par la disparation momentanée de son manteau sur lequel est marqué son surnom : Fox, habit qu’il récupérera lorsqu’il décide de plaquer Eugen pour ensuite le reperdre juste après son suicide : deux enfants bourgeois lui voleront ce qu’on peut qualifier de moteur narratif. Un corps sans âme a donc pour Fassbinder une espérance de vie très réduite.

                                                                                                                                    Tifenn Jamin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire